L’astrolabe, chef d’oeuvre scientifique… et esthétique

On dit souvent que les instruments de mesure anciens étaient plus fiables que les moyens électroniques (satellites et GPS notamment) dont nous disposons maintenant.

Vrai ou non, il faut reconnaître que certains de ces instruments avaient des qualités esthétiques indéniables. On  trouve encore de nos jours des objets anciens tels que boussoles, sextants, baromètres, etc., qui nous séduisent par leur charme quelque peu suranné.

Dans le cas de l’astrolabe dont je tenterai de parler, on peut même parler de véritables œuvres d’art.

Un petit survol

Venant du mot grec astrolabos qu’on pourrait traduire par « prendre la hauteur des astres », l’astrolabe est un instrument plat et circulaire. Parfois sphérique il sert à déterminer la position des étoiles au-dessus de l’horizon.

De là, il calcule l’heure solaire, l’inclinaison des étoiles et leur déplacement dans l’univers en géolocalisant l’utilisateur, le tout variant selon son emplacement géographique – la voûte céleste n’étant pas composée des mêmes astres et constellations suivant l’hémisphère, évidemment.

L’instrument est composé de quatre parties:

  • la face avant ou tympan qui est une représentation de la sphère locale comprenant les tracés des étoiles (cercles d’azimuths, lignes de crépuscule, etc.);
  • l’arrière (dos) qui est constitué de deux cercles représentant les calendriers zodiacal et civil;
  • un cercle évidé appelé araignée qui est une représentation du ciel;
  • finalement, deux curseurs appelés respectivement alidade et ostenseur qui permettent la lecture sur l’instrument.

Origine de l’astrolabe

L’origine de l’instrument remonterait à aussi loin que 400 avant J.-C., mais c’est l’astronome, mathématicien et géographe grec Hipparque qui en proposa une première version aboutie quelques 200 ans plus tard.

Il faudra encore 600 ans pour que les Arabes, après leur conquête de l’Égypte, de la Syrie et de la Perse, se penchent sur les travaux que les Grecs avaient entrepris avant eux et perfectionnent l’astrolabe jusqu’à lui faire prendre son aspect définitif, avec l’apport de leurs mathématiciens et astronomes.

Surtout, ils utiliseront le laiton comme matériau pour confectionner leurs appareils, ce qui assurait la pérennité de l’instrument en plus de permettre aux concepteurs les plus habiles de réaliser de véritables chefs d’œuvre esthétiques.

Un morceau de notre histoire

L’astrolabe fut utilisé par de nombreux explorateurs, dont Samuel de Champlain qui s’en servit pour cartographier de nombreux territoires de la Nouvelle-France de l’époque, espérant comme Jacques Cartier avant lui de trouver un passage vers les Indes.

C’est sans doute dans cette intention qu’il a exploré les environs de la rivière Outaouais à l’été 1613, en compagnie de Nicolas de Vignau.

Ayant cartographié avec précision le territoire, il semble cependant qu’il ait égaré son précieux instrument qui ne sera retrouvé qu’en 1867 par un fermier de Cobden en Ontario à environ 115 km d’Ottawa. L’objet changera de mains fréquemment, passant d’un collectionneur et d’un mécène à l’autre, et ayant même été exposé au Smithsonian Institute à Washington.

C’est finalement en 1989 qu’il sera intégré à l’exposition permanente du Musée canadien des Civilisations qui a ouvert ses portes cette même année, bien qu’il subsiste encore quelques doutes quant à savoir si l’instrument a réellement appartenu au célèbre intendant de la Nouvelle-France[1].  

Puisqu’il faut une justification à tout…

Il paraît que l’on peut réaliser son propre astrolabe, mais avec l’habileté manuelle qui me caractérise, je ne m’essaierai probablement pas. Du reste, des sites comme Geodus ou Quirao proposent des astrolabes de qualité et de belle tenue. Si vous êtes prêts à y mettre le prix (plus c’est élaboré, moins c’est donné), pourquoi pas ?

En fait, si j’ai choisi de rédiger pareil article, c’est à cause du côté suranné que dégage l’astrolabe pour moi et de l’usage auquel il est destiné. Que voulez-vous, quand c’est beau et passé de mode, ça me séduit. Et encore plus quand c’est utile. Dans ce cas-ci, avec la mesure des étoiles dans le ciel, c’est le rêve !

Autre bonne raison: certains astrolabes sont vraiment des merveilles de conception, tant scientifiquement qu’esthétiquement. Les images qui suivent devraient vous donner un excellent aperçu.

Au prochain rendez-vous, au prochain sujet...

En attendant, regardez le ciel. Ça repose autant que ça émerveille.


[1] http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-53/Astrolabe_de_Champlain_:_parcours_d’un_objet_mythique_du_patrimoine_canadien.html#.V3LwWLjhA_4

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