Quelques à-côtés d’Astérix le Gaulois

S’il est une série de bande dessinée et un personnage dont le succès a été aussi fulgurant que durable, c’est bien Astérix.

En ce qui me concerne, en plus d’avoir égayé mon adolescence, il m’a aussi ouvert la porte à l’univers de la BD. Ici je ne ferai pas l’historique d’une série que tout le monde connaît; je tenterai plutôt de me concentrer sur quelques faits et anecdotes plus ou moins connus mais qui ont contribué à faire de cette série ce qu’elle a été et est toujours.

Histoire de situer Astérix

Pourquoi le village gaulois (jamais nommé dans les aventures mais toujours désigné par les légions romaines comme étant « le village des fous ») est-il situé sur la côte bretonne? Pour deux raisons.

D’abord parce que Albert Uderzo a passé une bonne partie de son adolescence (durant la Seconde Guerre mondiale) dans un village breton appelé Erquy. Près des grèves se trouvent quelques îlets ressemblant fortement à ceux représentés sur la carte qui ouvre chaque album.

L’autre raison est que René Goscinny avait exigé que le village ait accès à la mer, de façon à permettre aux héros de voyager à travers le monde. Ainsi, avec ses réminiscences du passé, le dessinateur n’a eu aucune difficulté à satisfaire l’exigence du scénariste.

N’empêche que si Uderzo avait passé ses vacances d’été de 39-45 sur la Côte d’Azur, Astérix et Obélix auraient peut-être eu l’accent méridional.

Histoire de symboles (typographiques)

Pour Astérix, pas de mystère: son nom est tiré du fameux symbole typographique « astérisque » qui peut être utilisé comme renvoi dans un texte. Mais Obélix?

Il tire son nom du fameux monument célébrant le culte du soleil chez les Égyptiens, mais on peut penser aussi à un autre symbole, soit l’obèle, utilisé celui-là pour faire ressortir un passage douteux dans un manuscrit.

En y pensant bien et en décomposant le nom Astérix, on obtient « aster » (étoile en latin) et « reix » (roi en celte). Tiendrait-on là la clé du succès de cette série?

Histoire d’ancienneté

Des moines de la communauté des Pères Dominicains d’Alger avaient envoyé à Goscinny et Uderzo la copie d’un parchemin du XVIIe siècle. C’est en fait un manuscrit tiré de la « vulgate », soit une traduction de la Bible exécutée par Saint-Jérôme à la fin des années 300 après J.-C.

Curieusement, on semblait y faire mention d’Astérix (astericis), d’Obélix (obelis), de Gaulois (gallicanum) et de Romains (romanum)! Après vérification, on y parlait plutôt de versions romaine et gallicane, ainsi que (ben tiens…) d’astérisques et d’obèles. Comme quoi l’histoire peut se décliner au lieu de se répéter.

P. S. Le document en question a été dûment authentifié.

Histoire d’inspiration

Pour l’album Astérix et Cléopâtre, les auteurs se sont assez ouvertement inspirés du film à grand déploiement Cléopâtre sorti en 1963, réalisé par Joseph L. Mankiewicz et dont le rôle-titre était tenu par Liz Taylor.

À mi-chemin entre l’hommage et la parodie, le 6ème album de la série reprend plusieurs éléments du film avec une forte tendance humoristique, à commencer avec la couverture calquée sur l’affiche qui accompagnait le film à sa sortie, mais pas avec les mêmes têtes bien sûr!

Et que dire du slogan La plus grande aventure qui ait jamais dessinée où, indépendamment de la grande qualité de l’album, le second degré est assez évident. Autres emprunts directs au film: le trône où Cléopâtre reçoit l’architecte Numérobis en audience (page 6), et le char avec lequel « la reine des reines » visite le chantier du palais de Jules César (page 27).

Histoire de chants

Et maintenant, voici un fait historique qui ne fera certes pas plaisir au barde Assurancetourix.

Une des tactiques de combat prisées par les Gaulois était de produire une cacophonie assourdissante à l’aide d’instruments et de cris variés, dans le but d’effrayer leurs adversaires et ainsi les mettre en fuite.

Bizarrement, les historiens et archéologues n’ont pas cru bon de préciser s’ils faisaient tomber la pluie comme dans les albums Astérix chez Rahàzade et La rose et le glaive… 

Histoire de noms

Dans les éditions étrangères, les personnages principaux du village gaulois sont souvent rebaptisés selon la langue du pays en question tout en s’efforçant de rester fidèle à leur personnalité.

Dans un cas en particulier cependant, cela contribue à donner une drôle de connotation au personnage – dans ce cas-ci, Panoramix. En effet, dans l’édition britannique, celui-ci se fait appeler… Getafix! C’est à se demander si les éditeurs britons s’imaginent que le célèbre druide met autre chose que du gui dans sa potion magique…

Histoire de dieux

En 40 ans, les dieux les plus cités au cours des albums sont bien sûr Toutatis (120 fois), Bélénos (33 fois) et Bélisama (9 fois).

Le premier, signifiant « national » en langue celtique, est à la fois le dieu de la guerre et le protecteur de la tribu contre celle-ci.

Le second est le dieu du soleil, de la lumière et de l’agriculture, assez proche d’Apollon dans la mythologie romaine.

Quant à la troisième, elle est la déesse-mère. C’est celle qui a engendré les autres dieux en plus de représenter les beaux-arts et l’artisanat, se rapprochant chez les Romains du rôle de Minerve.

En fait, le panthéon gaulois regrouperait près de 400 divinités dont une, Amora, déesse de la moutarde et montant souvent au nez des autres dieux, serait en fait une déesse parallèle dont l’origine serait à prouver (voir l’album Le devin)…

Histoire de conclure

J’aimerais ouvertement remercier Olivier Andrieu, auteur d’un livre paru pour célébrer le 40ème anniversaire de la série. Ce livre est intitulé Le livre d’Astérix le Gaulois, publié en 1999 aux éditions Albert René. C’est de là en effet que sont tirés les éléments dont je me suis servi pour composer cet article.

En espérant que vous aurez pris plaisir à le lire autant que moi à l’écrire. En ce qui me concerne, bien que la série Astérix n’ait plus tout à fait le même charme sans Uderzo aux crayons, sa renommée est toujours aussi forte.

Au fond, c’est ce qui compte, pas vrai?

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