Problèmes woke, problèmes de riches?

Ne serait-il pas généreux d’être bon avec tout le monde? Aider les pauvres, soutenir l’égalité hommes-femmes, soigner les malades et donner une bonne éducation à tous les enfants, afin qu’ils aient des chances égales de réussir dans la vie?

C’est la base de la vertu. Et personne ne peut être contre la vertu.

Personne? Voyons voir.

Contradictions et incohérences

Il y a quelques années, tout le monde s’en souviendra, le Québec a parlé de religion. Des adultes ayant connu la révolution tranquille et ses débats rappelaient que la province avait choisi d’exclure la religion des écoles et des institutions.

Au même moment, des jeunes féministes, et des moins jeunes, se disant plus féministes que toutes les féministes avant elles, se mirent à militer pour la liberté de religion.

C’était un point de vue que personne n’avait vu venir. Des femmes s’appropriaient le féminisme militant pour imposer un respect unilatéral des religions monothéistes qui les ont utilisées comme pondeuses depuis des millénaires. Des jeunes traitant de racistes tous ceux qui osaient critiquer des religions.

C’était en 2015. Juste après l’attentat de Charlie Hebdo, pour brouiller les cartes encore davantage. Françoise David et Québec Solidaire allèrent jusqu’à déposer une motion à l’Assemblée Nationale visant à interdire la critique de l’islam.

À partir de ce moment, toute tentative d’avoir une conversation intelligente était vaine.

Pour beaucoup de féministes, c’était le monde à l’envers.

C’était le wokisme à l’américaine qui pointait le bout de son nez.

Le mouvement woke : origine et déploiement

Le mouvement woke dérive du verbe « être éveillé ». C’est un mouvement qui milite pour tout. Il milite pour la condition des femmes, des LGBTQ+, des réfugiés, des noirs, des autochtones, etc., peu importe si ces droits se contredisent.

*Wikipedia

On ne peut pas être contre la vertu.

En surface, ils ont raison. Ils défendent un peu tout le monde et ont donc beaucoup d’adeptes et c’est bien là qu’est le problème.

Le côté sombre du mouvement woke

L’aspect web ajoute une dimension malsaine à ce militantisme nouveau genre. Les mentions « J’aime » donnent du poids à une opinion, même fausse. Et plus on a d’amis, plus on a de « J’aime ».

Sauf que les spécialistes, chercheurs et autres sommités ne sont pas connus pour avoir un grand auditoire sur Instagram. Les points de vue les mieux documentés, donc, passent souvent inaperçu.

L’inverse est également vrai. Par conséquent, si quelqu’un met en doute les intentions des militants, c’est une vague de critique qui les frappe sur les réseaux sociaux. On demande le congédiement de la personne qui questionne, peu importe où il travaille.

On l’intimide.

Sauf qu’on ne peut pas militer contre l’intimidation en étant un bully. On ne peut pas réclamer la ségrégation impunément ou opposer les transgenres aux femmes.

Tout ça nuit à tout le monde.

Ce qui m’amène à …

Parler de ce qui nous dépasse

Personne n’est spécialiste de tout. Il faut être extrêmement effronté et prétentieux pour prétendre pouvoir parler à la fois de la biologie des transgenres, de la situation politique au Moyen-Orient, des capacités économiques de notre pays, de l’histoire des peuples et de la psychologie de la sexualité.

Des doctorants en ces matières n’ont même pas la prétention de tout savoir. C’est dire.

C’est pourtant ce que les woke font. Sans aucune humilité et en lisant très peu, ils partagent des idées toutes faites en faisant confiance à ceux qui les émettent. Les wokes manqueraient-ils de culture?

Si on calcule la pertinence d’une idée en « likes », on oublie trop vite que peu de véritables sommités sont populaires sur Instagram.

Peut-être. Mais il manquent surtout d’humilité.

Ils ont si peu d’humilité, en fait, qu’ils en viennent à croire que leur supériorité intellectuelle est suffisante pour éjecter l’enseignante qui en sait assez pour leur en montrer. Je pense à Verushka Lieutenant-Duval.

Un problème de riches?

Les étudiants de l’Université d’Ottawa qui ont éjecté Mme Lieutenant-Duval sans autre forme de procès militent contre le racisme sans objectif concret.

Ces jeunes veulent ce qu’on appelle un safe space. Un endroit dépourvu de traumatismes. Là où personne ne dira le terrifiant mot en N en parlant de l’oeuvre de Dany Laferrière. Quitte à stigmatiser cet auteur merveilleux.

Ils veulent un safe space sans homophobie. Un endroit qui répète ad nauseam qu’une femme transgenre n’est pas transgenre, qu’elle est une femme. Quitte à s’acharner sur J.K Rowling jusqu’à ce qu’elle disparaisse.

Ils veulent un safe space doux et lumineux envers eux et leur nombril. Quitte à éliminer tous ceux qui pensent différemment.

Leur monde idéal est un utérus parfait d’idées parfaites. Un monde virtuel où tout le monde pense comme eux.

Ils réclament Gattaca.

Et ils ne réclament pas Gattaca pour eux. Ils réclament que tout le monde réclame Gattaca.

Ils militent pour un univers sans microagressions, sauf envers les hétéros et les blancs, of course.

Woke, une aberration

Étrangement, ces woke sont souvent des blancs. Des blancs qui parlent au nom des minorités. Ça devrait déjà faire sourciller.

Il y a également eu un cas de militantisme où une blanche s’est fait passer pour une noire afin d’avoir davantage de légitimité, puis parce qu’elle ne croyait plus être blanche.

Cette femme s’appelle Rachel Dolezal et son cas démontre bien que la frontière entre woke et problème de santé mentale est parfois floue.

Dans cette vidéo, elle explique être noire parce qu’elle a passé beaucoup de temps sur un balcon au Mississippi.

À mon avis, c’est un problème de riches.

Quand ce n’est pas un problème de culture générale ou de santé mentale, à mon avis, c’est un problème de privilège. N’est-ce pas ironique?

Les gens défavorisés que les wokes prétendent défendre n’ont pas le temps de militer en continu. Je pense à une jeune fille que je connais bien qui a perdu ses deux parents au secondaire. Personne ne la soutient. Elle n’a pas de safe space. Tous ces wokes rient de leurs parents qui tiennent les mauvais propos à Noël. Elle, elle n’en a pas.

Je pense aussi à une jeune femme qui sort de la DPJ avec presque rien au moment où on se parle. Elle n’a pas de safe space. Si elle se rend à l’université, elle aura faim. Elle enviera ceux qui mangent des muffins à 5$. Personne ne s’intéresse à elle.

Parce que c’est loser d’avoir des problèmes concrets. Ce qu’il faut, c’est avoir des problèmes cool. Des problèmes pour lesquels le marketing est déjà prêt et rodé. Des phrases-clé qui attireront des likes et l’attention de Pénélope McQuade.

Tant que ce n’est pas relayé par les médias engagés, ça n’existe pas. Et ces médias vont partager les mêmes sujets chaque semaine, voire chaque jour. Ça crée de l’engagement et l’engagement, c’est payant. Quitte à ce que tout le monde se déteste.

Mais dans la population, on n’a pas le temps d’être woke quand on a des vrais problèmes.

On n’a pas non plus le temps de s’occuper des autres, quand on est woke, il y a beaucoup trop de causes à défendre.

Changer le monde, une idée galvaudée?

Je suis tout à fait pour l’idée d’améliorer le sort de tous. N’allez pas croire que je suis contre la vertu.

Je sais également que ce n’est pas facile pour tout le monde. J’ai vu Michelle Blanc se faire appeler Mike par des gens haineux. J’ai vu des Haïtiens se faire dire des saloperies et tourner l’autre joue. Je vois bien le traitement des femmes en milieu professionnel. Je me suis moi-même fait dire en réunion de prendre soin de ma carrière malgré ma famille pour me préparer au jour où mon copain partira avec une fille plus jeune.

Notre société est loin d’être parfaite. Il faut définitivement l’améliorer. C’est un fait.

Je pense toutefois qu’il faut gérer chaque problème de société en lui accordant le temps et le sérieux qu’il mérite.

J’ai d’ailleurs une petite anecdote quant à cet investissement de temps et de moyens.

L’an dernier, mon fils de 8 ans, plein d’espoir, a fabriqué une superbe pancarte afin d’aller soutenir Greta Thunberg dans la rue.

L’objectif? Conscientiser les gens à l’urgence environnementale.

La marche était belle, l’idée était belle, les gens étaient beaux, surtout elle.

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Quelques mois plus tard, à la grande surprise de mon fils, des idiots totalement inconscients du monde qui les entoure jettent encore des emballages de McDo par la fenêtre de leur voiture. Il y avait pourtant tellement de gens dans la rue. L’approbation semblait totale.

Sauf qu’elle ne l’est jamais vraiment.

Ces gens que mon fils déteste ont leur propre système de déresponsabilisation. L’effort demandé pour transporter ce sac de la voiture à une poubelle est trop grand. Ils préfèrent risquer de payer une amende et emmerder tout le voisinage.

Qu’est-ce qu’ils comprennent à la pollution atmosphérique d’après vous? Rien. Ils ne comprennent rien. Et ils ne changeront rien. Même la loi ne les change pas, imaginez une marche.

Parce qu’on ne change pas les gens aussi facilement. On ne change le monde qu’à petits pas.

Il faut dix ans d’une publicité ciblée avant de modifier un comportement. C’est une publicité contre la violence conjugale qui nous l’avait appris dans les années 80. Il avait fallu 10 ans avant de changer un comportement qui va de soi. Et il avait fallu un an après l’arrêt de la pub pour que le naturel revienne au galop dans les statistiques.

Alors, qu’est-ce qu’on peut faire?

Est-ce à dire que tout mouvement ne sert à rien? Non.

Nous avons tous une petite part à faire. Demander au raciste du bureau de se replacer. Donner de son temps et de son argent aux plus démunis. Faire de notre mieux en tout temps.

Le reste du temps, nous avons le devoir d’écouter.

Écouter ceux qui savent, écouter ceux qui souffrent et écouter ceux qui proposent des solutions.

Nous avons ensuite le devoir, en tant que société, de partager la connaissance comme il faut.

C’est le travail des établissements d’enseignement de reconnaitre la valeur des diplômes de ceux qu’ils ont engagés pour enseigner.

Et c’est aux woke de laisser les gens de bonne volonté respirer un peu.

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