C’est vraiment intéressant de monter à bord de la croisière de la Rivière-des-Mille-Iles. Moi qui m’attendais à faire un petit tour de bateau, j’ai fini par voyager dans le temps et en apprendre plus au sujet d’un poisson osseux. J’ai aussi appris des choses extraordinaires et un peu dégueulasses au sujet du pic-bois.
C’était tellement intéressant que j’ai décidé de vous en ramener un petit peu.
Les touristes de jadis
Autrefois, c’est à Laval et pas dans les Laurentides que les Montréalais partaient prendre l’air et se changer les idées.
Grâce au petit train du Nord, la marina Venise de la Rivière des Mille-Iles était un lieu de rassemblement de choix et presque chaque île environnante abritait le chalet d’une personne connue ou bien nantie. Sur une des îles, on cueillait des fruits. Une autre abritait des Frères. D’autres encore servaient seulement de « chalet dans le nord », parce que c’était cool.
Les touristes se baignaient dans la rivière et s’étendaient sur la plage. C’était un peu le lagon bleu version catholique et occupée. Je dis catholique parce que toutes les femmes ne se baignaient pas parmi le reste des gens.
Entre 1910 et 1950, la pudeur de certaines avait mené à la construction de bains. Pour s’y tremper, elles n’avaient qu’à descendre dans la rivière en utilisant une échelle. Le toît les protégeait du soleil, les murs les protégeaient du vice.
L’hiver, ce sont les coupeurs de glace qui prenaient la relève près de la marina Venise.
La fin de la fête
Cette période n’était pas des plus conscientes de l’environnement. Les gens allaient parfois disposer de leurs vieux appareils électroménagers dans la forêt, alors je vous laisse deviner dans quel état tous ces touristes ont laissé la rivière.
La pollution doublée d’un train du nord qui allait de plus en plus loin a poussé les gens vers les Laurentides. Puis, avec le déclin du train, ce sont les voitures qui ont mené les gens à vivre à Laval et se divertir à Saint-Jérôme.
De nos jours, quand les Montréalais parlent d’aller dans le Nord, ils ne penseraient jamais que ce soit la marina Venise. Le Nord est bien plus loin maintenant. Tout le monde le sait.
Il a fallu nettoyer
Pendant des années, la rivière des Mille-Iles s’est nettoyée. Elle l’a fait en partie d’elle-même, parce que la nature est bien faite, et en partie grâce à des groupes comme Éco-Nature qui veillent au grain. Aujourd’hui, vous pouvez aller en croisière, en kayak ou à pied explorer ce petit paradis et en apprendre plus au sujet de toutes les espèces qu’elle abrite.
La faune de Laval
Malheureusement, je ne me souviens pas de toutes les espèces que le guide a nommées pendant la croisière.
Ce dont je me souviens, c’est que le plus grand de nos pic-bois, le Grand Pic, a une longue langue qu’il fait passer dans les trous des arbres pour attraper les insectes. Quand elle ne sert pas, il la range derrière son cerveau et c’est comme ça qu’il arrive à frapper de toutes ses forces sur les arbres sans se faire mal.
J’ai aussi appris qu’un des poissons de la rivière, le lépisosté osseux n’est pas vraiment bon, a des œufs toxiques et est excessivement difficile à pêcher, mais que les gens le pêchent quand même, pour le sport.
Il y a aussi de petits oiseaux dans les ponts de la couronne nord, des graffitis sous ces ponts et une belle vie maritime pour les habitants de ce coin qui ne s’en vantent pas trop, peut-être pour rester tranquilles.
Si vous avez l’occasion de prendre la croisière, vous devriez y aller. C’est très intéressant et c’est toujours étonnant de constater qu’à seulement quelques minutes de Montréal, la nature est encore presque intacte, malgré tout.
Dame Anne vit dans une brume où se côtoient amitiés, boissons, gâteaux et oeuvres d’art.