Paralysie du sommeil : le monstre qui vous attaque pendant la nuit

À peine quelques minutes après s’être endormi, quelque chose le réveille. Il y a quelqu’un dans la chambre. Et ce quelqu’un ne lui veut pas du bien.

Il essaie de se lever au plus vite, mais il est incapable de bouger. Il a de plus en plus de difficulté à respirer. Sa poitrine se serre. Il pense qu’il va mourir dans d’atroces souffrances.

Est-ce que c’est un monstre, un fantôme, une sorcière ou un extra-terrestre ? Est-ce qu’il est devenu fou ? Qu’est-ce qui vient l’attaquer dans son sommeil ? En réalité, mon copain souffre de paralysie du sommeil.

Pour comprendre ce qui se passe quand ça arrive, j’ai appelé Roger Godbout, Ph.D, professeur au département de psychiatrie de l’Université de Montréal et directeur du Laboratoire et Clinique du sommeil à l’Hôpital Rivière-des-Prairies. Il m’a tout expliqué.

Qu’est-ce que c’est, la paralysie du sommeil ?

La paralysie du sommeil, c’est un trouble causé par l’arrêt des muscles striés provoqué pendant le sommeil paradoxal. Le corps bloque ces muscles pour nous empêcher de courir en dormant, notamment, selon monsieur Godbout.

C’est un trouble lié à la narcolepsie et qui peut être héréditaire, mais on peut aussi en souffrir suite à une chirurgie, pour des raisons plus ou moins claires.

Les dormeurs qui en sont victimes subissent alors un dysfonctionnement de leurs muscles respiratoires et ressentent :

  • Une incapacité de bouger
  • Une pression sur leur poitrine
  • Une peur intense

Le tout peut s’accompagner d’autres symptômes comme des hallucinations sonores, tactiles, visuelles ou kinesthésiques. Selon le docteur Godbout, la paralysie du sommeil est un trouble neurologique, mais peut mener à des troubles psychiatriques quand elle est mal gérée par la personne qui en souffre.

Il ne faut pas confondre la paralysie du sommeil et les terreurs nocturnes. C’est ce que le docteur Godbout m’a expliqué. Les terreurs nocturnes réveillent les enfants dans le premier tiers de la nuit. Ceux-ci se lèvent, les yeux hagards, en sueur et sont confus. Avec la paralysie du sommeil, on ne peut vraiment pas bouger.

Dans le folklore

À cause de la pression thoracique, beaucoup de gens ont rapporté avoir l’impression que la présence maléfique s’assoit sur leur poitrine. Dans certaines imageries, ces présences essaient même de les étrangler. Voici quelques exemples de créatures folkloriques :

  • En Indonésie, on parle du digeunton ou dicedek (qui veulent dire appuyer ou étrangler)
  • Les Inuits parlent d’uqumangirniq ou d’aqtuqsinniq
  • Au Botswana, on parle de celui qui utilise la force (sebeteledi) ou celui qui paralyse (setshitshama)
  • Au Cambodge, c’est le khmaoch sângkât (le fantôme qui vous écrase)
  • À plusieurs endroits, on parle de night hag ou de old hag.
  • Au sud des États-Unis, on parle de witch riding (une sorcière qui chevauche)
  • En Turquie, c’est le Karabasan, un Djinn, qui vous immobilise et vous étrangle
  • Au Japon, c’est le kanashibari qui signifie « ligoté de métal »
À l’origine, le mot cauchemar décrivait aussi le monstre ou la sorcière de la paralysie du sommeil. L’origine du mot est un esprit (mar) qui pèse ou piétine (verbe caucher).

C’est si impressionnant, que certaines personnes pensent que c’est ce qui expliquerait les enlèvements extra-terrestres et les apparitions divines ou démoniaques à travers l’histoire. Je lui ai demandé si c’était possible, et monsieur Godbout m’a répondu que les adultes, comme les enfants, essaient de rationaliser ce qu’ils ont vécu en se réveillant. Le sentiment intense vécu pendant la paralysie prend alors la forme que le rêveur lui donne, des monstres chez les enfants et peut-être autre chose chez les adultes.

Ça se soigne ou pas, la paralysie du sommeil ?

La bonne nouvelle, c’est que c’est souvent bénin. Monsieur Godbout dit toutefois que des examens sont toujours recommandés pour s’assurer que rien de grave ne soit à l’origine de cette paralysie. Il est donc préférable d’en parler à son médecin de famille.

D’ailleurs, et c’est la deuxième bonne nouvelle, on peut souvent s’en « soigner » en comprenant ce que c’est. Dès que le phénomène est compris, il est plus facile de garder son calme, de rétablir le contact et de relancer les muscles.

Intervenir pendant un épisode

Si vous dormez avec quelqu’un qui en souffre et que vous l’entendez gémir, vous pouvez le réveiller, mais attention ! La personne essaie vraiment très fort de bouger. Alors dès que vous la toucherez et la réveillerez, les mouvements seront vifs. Attention aux coups de poing, donc.

Quand on est seul, Roger Godbout propose d’essayer de frotter ses pieds ensemble. Il dit que c’est une méthode qui fonctionne chez certains patients.

Les célibataires peuvent donc avoir recours à cette méthode « Magicien d’Oz » pour revenir chez eux.

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