Plutôt que de gaspiller temps et argent à nous faire la morale, certaines personnes choisissent de voir les poubelles des autres comme une mine de matériaux.
Ensevelis sous les poubelles
Chaque année en France, un habitant produit 354 kg de déchets. Aux États-Unis, ce chiffre monte à 700 kg et au Québec, 750 kg. C’est énorme et ça fait de nous de bien mauvais Terriens. Surtout quand on tient compte du fait que la plupart de nos biens de consommation sont produits à des milliers de kilomètres d’ici. Ils polluent tout le long du voyage pour finir dans des dépotoirs mal gérés.
Les solutions gouvernementales
Il y a de nombreuses solutions mises en œuvre à grande échelle, vous le savez déjà. Le recyclage fait déjà partie de nos vies et plusieurs municipalités encouragent désormais le compostage. Si vous avez vu de petits bacs bruns passer, c’est qu’il y a un service de ramassage du compostage près de chez vous.
Les lois aident aussi à nous protéger des abus. Les microbilles, par exemple, qui polluent beaucoup nos cours d’eau, ont fait l’objet de travaux au Parlement du Canada et ont été déclarées toxiques.
D’ici 2017, le gouvernement propose donc d’interdire la production et l’importation de produits de soins personnels contenant des microbilles. Leur vente sera interdite d’ici la fin de 2018. Ces billes de plastique contenues dans les exfoliants cesseront alors de remplir le majestueux Fleuve Saint-Laurent. Si seulement elles pouvaient être remplacées par du sel des Îles de la Madeleine…
Les gouvernements un peu partout dans le monde prennent ainsi de nombreuses mesures chaque année pour protéger l’environnement et notre santé, mais de toute évidence, ce n’est pas assez. Certaines personnes ont donc décidé de prendre les choses en main et c’est à ça que je voulais en venir.
Des maisons de plastique
Une des plus belles personnes à avoir trouvé une solution durable au problème des poubelles, c’est Oscar Andres Mendez Gerardino. Il a fait un lien entre les 750 tonnes de plastique envoyé au dépotoir chaque jour à Bogota seulement, et le fait que 40 % des gens n’ont pas accès à des maisons décentes en Asie, en Afrique et en Amérique latine.
Ça lui a donné l’idée de créer des matériaux de construction faits du plastique qu’on retrouve au dépotoir. Il aide ainsi à régler un important problème environnemental et un problème humain du même souffle.
Les noeuds de pêche
Plusieurs artistes mettent aussi leur talent à l’épreuve en utilisant comme matière première des matériaux usés dont personne ne veut.
April Vokey, par exemple, est une pêcheuse à la mouche canadienne et renommée qui a entrepris de fabriquer des bracelets avec tout le fil à pêche qu’elle aurait autrement jeté.
Que deviennent toutes nos sandales ?
Au Kenya, ce sont les vieilles sandales qui sont utilisées. En raison de la situation géographique et des forts courants marins, le Kenya reçoit chaque année des tonnes de vieilles sandales provenant de l’Asie du Sud, de l’Australie et du Moyen-Orient.
Pour Julie Church, une biologiste du Kenya devenue femme d’affaires, ces sandales sont une opportunité de création. Avec l’aide de plusieurs artisans et artistes, elle a donc entrepris de réutiliser les sandales pour leur donner une deuxième vie. Les flip-flops deviennent des mobiles pour enfants, des bijoux et des objets décoratifs. Son projet a tellement de succès et elle croit tellement à sa cause, qu’elle vous donnera environ cinquante sous pour chaque kilo de flip-flops que vous lui rapporterez.
Les artistes à la rescousse
Beaucoup d’autres artistes s’inspirent aussi de déchets, dont Jennifer Maravillas qui se sert de papiers qu’elle trouve à Brooklyn pour construire une carte de Brooklyn, quartier par quartier. On voit donc sur sa carte le genre de papier qui se retrouve dans chaque secteur.
Le Teatro Metaphora, lui, a construit une installation faite de tambours de machine à laver pour éclairer la rue de Câmara de Lobos, à Madère, pendant le festival São Pedro. Ils avaient besoin de 100 tambours pour le réaliser, mais les gens ont trouvé l’idée si bonne qu’ils leur en ont apporté bien plus.
D’autres artistes créent d’immenses sculptures urbaines à partir d’objets trouvés. C’est le cas notamment de ce gigantesque poisson fait de bouteilles de plastique à Rio de Janeiro que vous avez vu en photo principale. C’est aussi le cas de ce grand nuage également fait de bouteilles de plastique à New York.
Jeter moins
Évidemment, l’idéal serait de réduire les déchets à la source. Et ça, nous n’avons pas besoin d’être des artistes pour le faire. J’ai passé près de trois ans sur la route avec pour seule maison permanente, un grand sac à dos. On peut se contenter de peu et être tout de même très heureux, je l’ai démontré.
Bien entendu, meubler une maison est tout à fait différent. Mais acheter des meubles de qualité et qu’on aimera longtemps, repeindre nos vieilles choses et réutiliser des objets en cherchant des idées sur Pinterest est à la portée de tous.
Avoir moins, de toute façon, est moins stressant paraît-il. Pierre Rhabi en parle avec beaucoup d’éloquence ici :
Consommer mieux
Finalement, certaines personnes s’affairent à nous faire consommer des objets biodégradables ou même comestibles. C’est le cas de cet homme qui tente de réduire l’utilisation de plastique en Inde en produisant des cuillères comestibles. (Elles sont délicieuses à ce qu’il paraît). Comme l’Inde est le plus grand consommateur de coutellerie de plastique au monde, cette idée pourrait avoir un énorme impact.
Ce que je tire comme leçon de tous ces projets, c’est que peu importe la profondeur du gouffre dans lequel l’humanité se mettra, il restera toujours des personnes vonderfoules, pleines d’espoir et d’imagination pour essayer de nous sortir du pétrin.
C’est beau, non?
Dame Anne vit dans une brume où se côtoient amitiés, boissons, gâteaux et oeuvres d’art.