10 petits faits sur Robert Crumb

Cette fois, il sera encore un peu question de BD, mais outre-atlantique pour changer. Parce qu’il est un artiste qui a vraiment fait sa marque depuis 40 ans à pointer les travers de l’Amérique avec une grande jubilation, en plus de marquer durablement le milieu underground américain.

Je me propose donc ici de relater quelques faits bien ou peu connus à savoir au sujet de Robert Crumb – puisque c’est de lui qu’il s’agit.

BD

Le chat « monté »

Les personnages emblématiques de Robert Crumb demeurent Mister Natural (une sorte de Dany Verveine avant la lettre), mais surtout Fritz the Cat. Simple chat domestique dont son créateur relatait les aventures au départ, il lui donnera sa forme définitive en 1965. Et ses aventures et expériences sexuelles débridées reflètent, en fait, les propres mésaventures de Crumb dans ce domaine.

Une fin radicale!

Fritz the Cat sera adapté en dessins animés par Ralph Bakshi en 1972. Le film – premier long-métrage d’animation à être classé X – sera un succès tant critique que commercial. Mais Crumb n’a jamais été d’accord avec la vision du cinéaste et a toujours considéré le film comme un échec. Au point où il arrêtera la série BD en faisant assassiner son chat paillard par une de ses ex-conquêtes!

MUSIQUE

Un collectionneur avide

À part la sexualité et la satire sociale, un des points dominants de son travail de bédéiste est bien la nostalgie du blues et du jazz des années 20 et 30. Il possède d’ailleurs toujours un importante collection de 78 tours de ces musiques à cette période.

Jouer la sérénade en habits d’occasion

Étant lui-même guitariste et mandoliniste, il a fondé un groupe appelé Cheap Suit Serenaders. Ensemble, ils produiront 3 disques faits de reprises d’Old-Time Music autant que de pièces originales.

Fait à noter: le fameux guitariste virtuose Bob Brozman comptait parmi les membres de cette formation, et fera ensuite une carrière solo des plus intéressantes.

Musette futuriste?

Une autre de ses passions musicales est le bal musette parisien. Ce qui explique sa participation au sein du groupe Les Primitifs du Futur lorsqu’il s’installera en France avec Aline Kominsky, sa seconde épouse. Avec eux, il tiendra à l’occasion guitare et mandoline, et surtout illustrera les pochettes de leurs 4 albums.

ILLUSTRATEUR

Goûts et dégoûts

À part les Primitifs du Futur, il réalisera bien d’autres illustrations d’albums. Par contre, il refusera de dessiner la pochette d’un disque des Rolling Stones, prétextant qu’il n’aimait pas leur musique. C’est d’ailleurs un fait avéré que la scène rock et pop de son époque le laissait plutôt froid…

Mais comme tout règle a son exception qui l’infirme, le groupe Tommy James & the Shondells était un de ses groupes favoris. Parce que selon Crumb, il s’agissait du seul groupe à faire un rock d’inspiration prolétarienne dans les années 60.

Frissons bon marché?

Toujours comme illustrateur d’albums, son travail le plus connu demeure la pochette du premier disque de Janis Joplin, Cheap Thrills, sorte de BD à double battant où chacune des chansons de l’album avait droit à sa vignette. Tout en disant respecter l’artiste elle-même, il la considérait cependant fragile et trop influençable. ce qui, à son avis, l’a perdue.

Religion ou subversion?

Pour finir, on imagine mal un artiste tel que Crumb, symbole de la contre-culture réputé pour sa paillardise, traiter de thèmes relatifs à la religion. C’est ce qu’il fera pourtant en signant une adaptation en BD du Livre de la Genèse, parue en 2009.

Et bien qu’il se soit imposé de ne pas parodier le texte original, il semble que la charge vitriolique demeure. Ne serait-ce que par la précision et l’éloquence du dessin qui a toujours caractérisé son œuvre.

Et voilà quelques faits et anecdotes qui, je l’espère, vous donneront le goût de découvrir ou d’approfondir le travail de Robert Crumb. Un artiste sans doute pas pour tous les yeux, mais qui a su cerner son époque au même titre qu’un Zappa ou un John Lennon – un autre pour qui il avait une certaine admiration.