Ça y est, j’ai obtenu le trophée Platine et j’ai battu tout le monde qui gravite autour de Lumière. J’ai enfin escaladé la Tour Éternelle et j’ai fait face à mon cher père. J’ai fait mon choix, maintenant je dois me vider le coeur.
Tout d’abord, j’ai adoré Clair Obscur : Expédition 33. Commençons comme ça pour dissiper tous vos doutes. Ce jeu aura bien mérité sa place parmi les finalistes du jeu de l’année, et je me réjouis d’apprendre que son créateur, Guillaume Broche, est bien résolu à faire d’Expédition 33 le premier jeu d’une longue série de Clair obscur.
Les personnages sont adorables, la poésie est partout, les mécaniques de jeu sont bien pensées et le fait que nous devions explorer chaque aspect du combat nous en donne pour notre argent. Bref, chapeau.
Maintenant, parlons un peu du contexte de la décision finale et des raisons qui m’ont poussée à choisir Maelle.
Une famille brisée
Pour ceux qui ont déjà oublié, rappelons que l’histoire gravite autour de la famille Dessendre, des peintres capables de donner vie à des toiles, a vécu une terrible tragédie. Un conflit avec leurs ennemis les écrivains s’étant envenimé, leur maison a brûlé dans un incendie. En tentant de sauver la plus jeune des soeurs, Alicia, le seul fils de la famille, Verso, est mort. Les deux parents et la grande soeur, Cléa, sont dévastés. Alicia aussi, bien sûr, et souffre du fait que le feu a brûlé son visage et ses cordes vocales.
Rongée par la peine et le désir de vengance, la famille est entrée dans une toile peinte par Verso en espérant faire son deuil, tout en semant la destruction chacun à sa façon. La mère, en tuant les personnages humains un à un. Le père, en peignant les axons et en empêchant quiconque d’atteindre sa femme. La soeur, en repeignant certaines choses, en ajoutant des ennemis redoutables et en envoyant Blanche tuer ceux qui n’étaient pas assez bien équipés pour être violents. Et Maelle, cette nouvelle Alicia qui, malgré la solitude, se construit un parcours plein de beauté, de vie, de joie et d’amis.
En rappel : le choix de la fin
Une fois Renoir vaincu pour une dernière fois, il parle longuement avec Maelle qui lui dit au revoir, sans lui dire adieu. C’est une scène émouvante où Renoir comprend enfin que le bonheur de Maelle réside peut-être dans la toile et la laisse libre de ses choix. Un bon père, enfin.
Mais Verso n’est toujours pas satisfait. Il part dans l’antichambre où peint le jeune Verso, lui demande s’il est fatigué de peindre et décide de combattre Maelle pour détruire la toile de Lumière, ses personnages et tout ce qui vient avec.
(Pour revoir la scène, c’est ici)
Il nous oblige à faire un choix : sauver la toile avec Maelle ou détruire la toile avec Verso.
La fin de Verso
Quand on choisit Verso, on choisit le monde extérieur, la famille, le fait de faire son deuil et d’accepter que ce qui ne peut changer ne change pas.
Après l’avoir vaicue, Verso dit à Maelle : « Tu possèdes le pouvoir de peindre, tu n’auras jamais à mener une vie qui ne te plait pas. Tout va bien, tout va bien, tout va bien. »
Il dit aux autres : « Mes amis, vous me manquerez. »
Puis, tout le monde s’envole dans un gommage, sauf Lune qui était restée du côté de la toile, refuse de lui serrer la main et reste intacte. Elle a choisi de disparaitre en même temps que le reste de la toile, probablement en guise de protestation.

En épilogue, on voit toute la famille devant la tombe de Verso. Cléa semble heureuse, elle pourra enfin reprendre le combat contre les Écrivains avec ses parents. Les parents sont là, amoureux, à faire la paix avec la fin tragique de leur fils.
Maelle est là aussi, tenant dans ses bras une peluche d’Esquie, le meilleur ami du petit Verso. Elle vient de perdre Verso une deuxième fois et regarde au loin tous ses nouveaux amis qui sont gommés, en silence. Elle est, à mon avis, la grande perdante de cette fin.
La fin de Maelle
La fin de Maelle est tout aussi triste, mais pour d’autres raisons. C’est le choix de vivre dans le monde imaginaire créé par le vrai Verso. Elle abandonne sa famille. Ce n’est peut-être pas le choix que sa famille a voulu pour elle et elle se perdra peut-être dans un monde qui n’existe pas. Est-ce que ce sera pour sombrer dans la folie ou pour rêver? Je ne sais pas.
Ce que je sais, c’est qu’à la fin de ce choix, on voit Maelle entourée des siens. On voit Gustave avec Sophie. Et Verso, un peu amer et vieilli, joue du piano pour le bonheur de tous.
On sent bien qu’il y a quelque chose de malsain dans cette version. Maelle évite de faire face à la réalité et laisse égoïstement sa famille faire un deuxième deuil. Mais elle y a trouvé son bonheur.
Mon choix, mes raisons
Spontanément, quand j’ai fini le jeu, j’ai choisi la fin de Maelle. Je n’ai jamais tellement aimé Verso. Il a été une déception jusqu’à la fin. Il m’a semblé de mauvais conseil et hypocrite et je n’ai jamais eu l’impression qu’il voulait le bien de tous. Ça a donc été assez facile pour moi de choisir.
Maelle a besoin de plus de temps, ainsi soit-il. Même Renoir l’a compris.
Je comprends que Maelle sombre un peu en restant dans le tableau. Elle rejette les vivants au profit des personnages imaginaires. En ce sens, c’est Renoir et Verso qui ont raison.
Mais à l’extérieur, elle est profondément malheureuse. Cléa est hautaine avec elle. Elle n’aura jamais sa place dans la guerre contre les Écrivains en raison de ses handicaps et elle porte les cicatrices de son plus grand traumatisme en plus de ne plus pouvoir parler. Je ne comprends même pas pourquoi quelqu’un lui souhaiterait ça.
Bien sûr, elle perd contact avec le monde réel. Je sais bien qu’il est préférable de vivre son deuil, de faire acte de présence pour sa famille et de gérer ses soucis comme un adulte. Mais est-ce qu’on voudrait vraiment brûler le Pays des Merveilles pour aider Alice à devenir plus efficace à l’école? Pas moi en tout cas.
Verso n’est pas Verso
Tout au long de l’histoire, les personnages nous répètent que ceux qui sont ramenés avec leur Chroma ne sont pas vraiment les mêmes.
Noco ressuscité dans le Fleuve sacré en est un bon exemple. Après avoir été le mentor de Monoco et un précieux allié, il revient encore comme un nouveau-né, avec aucun souvenir de son vieux copain. C’est un phénomène similaire au clonage.
Ce n’est donc pas un vrai Verso qui demande à Maelle de détruire la toile. C’est un faux Verso peint par Aline. C’est aussi un faux Verso qui demande au vrai petit Verso d’arrêter de peindre. Il n’est pas une personne qui prête beaucoup de valeur à la vie, contrairement au Verso d’origine. Il a d’ailleurs laissé Gustave mourir tout en sachant à quel point sa mort blesserait Maelle.
Tout indique que cette version de Verso n’a jamais été de notre côté.
D’autres personnages qui ajoutent à ma décision
Le petit garçon (+1 pour Maelle)
À un moment dans le jeu, le petit garçon sans visage dit qu’il aimerait continuer de peindre tranquillement, sans le drame. Au moment du choix, c’est Verso qui lui fait dire qu’il aimerait arrêter. Peut-être qu’il se sent menacé. Un enfant menacé peut dire n’importe quoi.
Monoco et Noco (+1 pour Verso)
Si j’ai bien compris, Monoco et Noco sont des personnages représentant les chiens de la famille. Noco était le mentor de Monoco, puis, quand il est mort, Monoco est à son tour devenu le mentor d’un chiot Noco et ainsi de suite. Si c’est bien vrai, il restera au moins ça à Alicia dans le vrai monde, après la fin de Verso. Et elle manquera leur vie si elle demeure dans la toile. C’est un des rares points que j’accorde à la fin de Verso.
(Vous pouvez les voir en chiens ici, dans le flashback d’Alicia)
Cléa (+1 pour Maelle)
Cléa n’est pas particulièrement aimable avec Maelle. Elle ne l’est pas tout court, trop rongée par son désir de vengeance. C’est une femme de politique qui n’a pas peur de la destruction. Elle laissera clairement Maelle de côté quand elle sera de retour dans le vrai monde.
Julie (+1 pour Maelle)
Lors d’une autre expédition, elle a enlevé Verso avec Claude, Luise et Dion pour l’interroger parce qu’il n’est pas mort après une attaque. Ils ont alors pensé qu’il était un traitre et il les a tués.

Renoir croyait qu’elle était une création de Cléa. Verso, lui, espérait la revoir après avoir libéré sa mère. Peut-être que le fait que ça ne se produise pas a brouillé son jugement à la fin.

Peut-être aussi qu’il est vraiment mal intentionné et qu’il y a quelque chose qu’on ne sait pas à propos de l’Expédition Zéro. Il est le seul à nous avoir donné de l’information à propos de Simon et il a peut-être menti. On aura peut-être des réponses à ce sujet dans la suite.
Au final, j’ai choisi Maelle et je pense que j’ai eu raison. Que ceux qui pensent que j’ai tort s’expriment dans les commentaires (pour ceux qui viendront après).
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