60 ans: 10 nuances de Gaston

Quand un personnage de bande dessinée fête son anniversaire, c’est une occasion comme une autre de mesurer le temps qui passe. Surtout si le personnage en question a fait partie de notre jeunesse.

Et en cette année 2017, c’est Gaston Lagaffe qui fête ses 60 ans. Une excellente raison pour qu’il ait droit à une petite commémoration sur ce site.

Il y a tellement à dire sur ce personnage mythique que, je l’avoue, j’ai cherché longtemps par quel bout le prendre. Finalement je me suis dit: autant y aller de manière conventionnelle, soit un petit portrait en 10 points.

Un nouveau mauvais genre

Avec Gaston (qui ne s’appelait pas encore Lagaffe à ses débuts), André Franquin introduisait en 1957 l’antihéros dans la BD. En effet, son personnage s’était présenté au Journal de Spirou pour y travailler comme héros de bande dessinée… Mais aucune place n’était disponible (d’où son surnom de héros-sans-emploi)! Si bien qu’on lui fera faire quelques menus travaux pour la rédaction.

Sa tenue vestimentaire assez négligée, sa posture en S et son attitude plutôt je-m’en-foutiste amenaient un non-conformisme peu en vogue dans la BD à l’époque. Et le plus beau, c’est que sa popularité ne fera que croître avec les années. Sans parler de sa fameuse expression « m’enfin! », pratiquement entrée dans le langage courant aujourd’hui.

S’en tirer à bon compte

Il provoquera une série de maladresses et de catastrophes diverses, dont l’entretien des extincteurs de la rédaction (auxquels il mettra le feu!). Et ceci, quand il ne trouvera pas des façons de se soustraire de ces travaux de toutes les manières possibles: s’endormir sur son bureau, se cacher dans un classeur, etc.

Étrangement (ou plutôt heureusement), il ne sera congédié de chez Spirou qu’une seule fois, après avoir amené une vache dans les bureaux de la rédaction. Il y reviendra à la suite d’une campagne de soutien massive des lecteurs. C’était une des histoires des tout débuts de la série, et évidemment, on connaît la suite.

Gaffes ou trouvailles?

Art culinaire

Plutôt reconnu pour ses réflexes lents au début, il faisait quand même preuve d’une certaine inventivité qui ne fera que s’affirmer davantage au fil des albums. D’abord sur le plan culinaire: la morue aux fraises et le cabillaud aux ananas demeurent ses plus fameuses créations. Reste encore à éprouver leurs effets sur certains systèmes digestifs. Sans parler des odeurs…

Musique

Musicalement, c’est le gaffophone qui se taillera une célébrité méritée. Sorte de croisement entre harpe classique et tam-tams africains, son pouvoir de résonance et d’amplification aura des résultats divers. Plâtres écaillés, plafonds effondrés, et même des avalanches!

Mécanique

La voiture de Gaston (modèle Fiat 509 de 1925), est une autre source de désagréments (pollution, lenteur, comportement routier douteux) et de trouvailles étonnantes. Dont: le ballon pour capter les gaz d’échappement, l’aspirateur à neige, le gazogène à essence… Et un coussin gonflable qui ne donne pas tout à fait le résultat escompté.

Ce qui m’amène à parler des adversaires / têtes de turc de Gaston.

Ennemis ou victimes?

Joseph Longtarin

Celui-ci voue une « affection » particulière à Gaston et à son véhicule, leur distribuant force contraventions. En retour, ce dernier déploiera une ingéniosité sans bornes pour le prendre en défaut. Particulièrement avec les parcomètres qui seront sa cible privilégiée.

Aimé De Mesmaeker

Au même titre que Fantasio et Prunelle, il est ce qu’on appelle une « victime collatérale » des inventions de Gaston. Homme d’affaires sanguin et grognon, ses tentatives de signature de contrat avec les éditions Dupuis seront invariablement contrecarrées… ou presque. Puisqu’à une ou deux reprises, Gaston conclura des contrats avec lui!

À noter que Jidéhem, collaborateur de Franquin, lui avait fait remarquer que ce personnage lui rappelait son père. Et le dessinateur le baptisa à partir de là. En passant: Jidéhem = J.D.M. = Jean De Mesmaeker!

Des supérieurs bien endurants

Fantasio

Déjà connu comme le partenaire de Spirou dans ses aventures, Gaston en fera voir de toutes les couleurs à ce chef de bureau qui a hérité de la tâche dans les 6 premiers albums de la série. Lorsque Franquin confiera Les aventures de Spirou et Fantasio à une autre équipe, le héros-sans-emploi verra arriver un nouveau supérieur dès 1972.

Prunelle

Nerveux, colérique et fumant la pipe, il se fera connaître entre autres par son fameux juron « Rogntudjuuu! ». Une version déformée de « Oh nom de Dieu! » créée par Franquin pour contourner la censure encore présente chez Dupuis à l’époque. Bien qu’il s’emporte fréquemment contre Gaston, il est parfois capable d’une certaine indulgence à son égard.

Gaston et l’humanisme

Ce qui définit Gaston plus que tout à mon avis, c’est son amour des animaux, son pacifisme et son antimilitarisme. À cet égard, son créateur n’hésitera pas à s’en servir comme véhicule pour des organisations comme l’Unicef, Amnistie Internationale ou Greenpeace. Au point d’afficher le nom de cette dernière sans détour dans une de ses histoires.

Nébuleuse Lagaffe

Et que dire du reste de son univers: Mademoiselle Jeanne (avec qui il aura une relation purement platonique), Lebrac le dessinateur, Boulier le comptable, son copain Jules-de-chez-Smith-en-face, son chat, sa mouette rieuse, son cactus géant… Un univers incroyablement riche que je regrette un peu de ne pas pouvoir creuser davantage, de peur de prendre un peu trop de place.

Je terminerai donc avec ce dialogue historique entre notre héros et Spirou, le jour de son « embauche ».

Bon 60ème, Gaston!

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